Alors que le scandale de lait infantile contaminé à la salmonelle fait du bruit, les analyses de l'usine de Craon ont révélé des traces de la même souche de salmonelle qui avait contaminé de nombreux bébés en 2005…
Que révèlent les analyses de l'Institut Pasteur sur l'usine du groupe Lactalis ?
Un scandale de lait contaminé à la salmonelle avait déjà éclaté en 2005 avec en cause, la même usine de Craon (Mayenne). 141 nourrissons avaient été touchés ; 38 pour l'épidémie actuelle.
D'après les analyses de l'Institut Pasteur, la bactérie présente dans cette usine est donc à l'origine de deux épidémies de salmonellose chez des nourrissons : en 2005 et 2017. Avec également 25 cas de contamination sur la période entre les deux affaires.
Les analyses révèlent que la bactérie aurait subsisté pendant toutes ces années. Rappelons qu'à l'époque, cette usine appartenait au groupe Celia et a été rachetée par Lactalis en 2006. Nous supposons donc que des rapports d'hygiène et de sécurité avaient été réalisés.
D'où provient la bactérie salmonelle Agona ?
La bactérie a été libérée lors de travaux sur les sols et les cloisons de la tour de séchage numéro 1 du site de Craon en 2005, lorsque Lactalis n'était pas responsable de l'usine.
La tour en question va être définitivement fermée afin de supprimer toute souche éventuelle de salmonelle. Le groupe souhaite repartir sur « de bonnes bases saines » avec la la deuxième tour de séchage toute récente.
Si la bactérie était toujours présente, les analyses et contrôles effectués depuis 2005 auraient été erronés ?
Le PDG du groupe Lactalis, Emmanuel Besnier, a déclaré que « rien ne peut exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé entre 2005 et 2017, puisque la salmonelle Agona "responsable des problèmes" est la même que celle de 2005 ».
Une remise en question des contrôles sanitaires et de sécurité
Lactalis fait appel à un laboratoire extérieur de référence qui est chargé de réaliser les analyses sanitaires de ses produits. Le PDG Emmanuel Besnier souligne que durant la période 2005-2017 les analyses sur les produits finis ont toujours été « conformes aux exigences sanitaires » ; le laboratoire n'a communiqué aucune alerte sur les produits.
En revanche, le groupe a reçu deux alertes à la salmonelle en août, puis en novembre 2017, dans l'environnement. Quand cela arrive, il nettoie l'usine jusqu'à ce que tout soit conforme puis reprend l'activité.
La faute au laboratoire extérieur de référence ?
À ce jour, Emmanuel Besnier reste sceptique sur les analyses faites par le laboratoire partenaire. Il déclare que « nous avons beaucoup de mal à comprendre comment 16 000 analyses réalisées en 2017 ont pu ne rien révéler. Nous avons des doutes sur la fiabilité des tests. Ce n'est pas possible qu'il y ait eu zéro positif ».
Alors y avait-il des traces de contamination ? Les contrôles n'étaient pas assez poussés et efficaces ?
En attendant la réponse du laboratoire, le résultat est lourd bilan humain et financier
La crise a contaminé plus d'une centaines de nourrissons et pourrait coûter plusieurs centaines de millions d'euros au groupe Lactalis.
Une faille dans le système de distribution
Alors que les enseignes de grande distribution ont avoué que des lots contaminés étaient toujours en vente après le rappel de Lactalis (Cf article précédent « Affaire Lactalis : tous responsables, le groupe industriel, la grande distribution et l'État »), nouveau rebondissement puisque Carrefour et Auchan passent aux aveux !
Ils ont remis en rayon des boîtes de lait infantile contaminé retournées par les clients. C'est acte est dû à « une mauvaise gestion des produits retournés en magasin par nos clients » et à cause d'une « information "morcelée", de la part de Lactalis (15 messages transmis en tout aux distributeurs) et peu transparente ».
Il est vrai que le groupe Lactalis a été très discret et peu transparent sur cette crise vis-à-vis des partenaires distributeurs et l'État, mais de là à remettre en rayon des lots contaminés retournés par les clients… Ces erreurs commises sont inexcusable.
Terms & Conditions
S'abonner
Rapporter
Mes commentaires