Ah Mondialisation, quand tu nous tiens !
Devrions-nous à ce jour faire un cours d’économie pour les nuls afin de comprendre ce qui se passe avec le beurre ?
La production mondiale de beurre dépasse les 10 millions de tonnes par an, avec l’Inde comme premier producteur. La France est le premier pays consommateur de beurre avec
8kg/an/habitant en plaquette ou en vrac, soit plus de 400 milles tonnes/an. Nous assistons à ce jour à une hausse de la consommation mondiale de beurre et une baisse de la production. Il s’ensuit donc une hausse de la tonne de beurre : elle est passée de 2500 € la tonne en avril 2016 à 7000 € la tonne en septembre 2017.
Les causes de l’augmentation de la consommation
Durant des décennies, les nutritionnistes ont dénigré les matières grasses animales, les qualifiants de cancérigènes. Les scientifiques ont finalement conclu que le beurre n’était pas aussi mauvais que ça, comparé à l’huile de palme utilisée dans l’industrie agroalimentaire. Il s’est aussi ajouté à la consommation habituelle de beurre, l’engouement des pays émergents comme la Chine au mode de vie plus occidentalisé, et où les viennoiseries françaises sont devenues tendance. Avec la réhabilitation des matières grasses animales, la demande de beurre a explosé un peu partout dans le monde.
Les causes de la diminution de production
Du fait de la dépréciation du beurre, les producteurs de lait mondiaux avaient favorisé l’élevage de vaches dont le lait est moins riche en matières grasses. La mise en place des quotas laitiers par l’Europe en 1984 à conduit à une diminution importante des exploitations productrices de lait. La Nouvelle-Zélande a adapté sa production à la baisse avec celle de l’Union-Européenne pour éviter la chute des cours. De plus, la production de fromage qui absorbe une partie de la matière grasse du lait, progresse car plus lucrative, enlevant des tonnes de beurre du marché. Enfin, les mauvaises conditions climatiques ces dernières années ont affecté la qualité du lait en matières grasses sur l’Europe.
Télescopage
Le télescopage entre la baisse de production et une explosion de la consommation dans les pays émergents a fait flamber le cours du beurre. S’ajoute à ces mécanismes économiques la rigidité du système de la Grande Distribution en France. En effet, la Grande Distribution fixe les prix annuellement. Ce système trop rigide l’empêche donc de répercuter rapidement dans ses rayons le réel prix du marché. Les grandes surfaces refusant d’ajuster leurs prix, les producteurs de beurre fournissent alors en priorité l’industrie agroalimentaire, au prix du marché. Si les 10 premiers groupes laitiers réalisent 82 % de la production, plus de 200 autres opérateurs, sociétés privées ou petites coopératives, assurent 18 % de la production française.
En conclusion, quand il y a des baisses ou des hausses, les grandes surfaces ne peuvent pas réajuster leurs prix pour proposer aux consommateurs le vrais prix des produits, ce qui entraînerait de facto une vraie rémunération pour le producteur. Il est fort de constater par la crise du beurre que seuls les circuits courts ou les ventes directes assurent aux producteurs la vrai rémunération de leurs productions.
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