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Les États généraux de l’alimentation, lancés à l’initiative du président Macron, s’achèvent après 5 mois de concertation, 14 ateliers, 800 représentants des filières et de la société civile et 35 000 heures de réunions…

Quel est le bilan ?

Les États généraux de l’alimentation ont-ils permis de modifier les rapports de force entre la grande distribution d’un côté, les agriculteurs et industriels de l’autre ?

Les débats portaient sur des sujets comme l'agriculture saine, durable et accessible à tous, sur la répartition de la valeur, le gaspillage alimentaire, ou encore la limitation des intrants.

Les principaux axes de travail du gouvernement étaient de :

  • redonner aux agriculteurs davantage de revenus issus de leur production,
  • et avancer vers une transition agro-écologique avec un soutien accru de la filière bio.


Deux mesures phares : augmenter le seuil de revente à perte et limiter les promotions

Le gouvernement va imposer aux distributeurs un seuil de revente à perte de 10 % sur les denrées alimentaires. Ce qui signifie que les distributeurs seront obligés de revendre au minimum tout produit alimentaire au prix où ils l’ont acheté majoré de 10 %. Ce seuil aura pour objectif de soutenir les producteurs face à la grande distribution, et qui pourrait de facto entraîner une hausse des prix des produits pour les consommateurs.
Dans le même but, les promotions des grandes surfaces seront plus encadrées : elles ne pourront plus être supérieures à 34 % du prix normal et à 25 % du volume annuel vendu. Terminé donc les trois produits vendus au prix de deux.

Le gouvernement veut aussi modifier le code rural pour y inclure un renversement de la contractualisation. En d’autres termes, ce ne sont plus les acheteurs de la grande distribution ou les industriels qui proposeront des grilles tarifaires sur les produits, mais les agriculteurs en fonction des coûts de production.

Une loi sera votée dans le premier semestre 2018 pour mettre en place ces mesures. Afin de s'assurer que la valeur dégagée sera bien reversée aux producteurs, les projets seront expérimentés pendant deux ans, avec un dispositif de suivi pour évaluer leur impact sur la filière agroalimentaire.

Sur le papier, ces mesures devraient effectivement permettre aux agriculteurs de retrouver un revenu qui correspond à leur travail.


Une charte de bonne pratique

Tous les distributeurs ont accepté de signer une charte de bonne pratique s'engageants à ne pas essayer de tirer les prix vers le bas.
Ce qui est bien dans un sens, mais cette charte n’implique aucun pouvoir contraignant elle reste une "charte de bonne conduite". De plus, les négociations commerciales entre les distributeurs et les industriels qui permettent de fixer les prix pour l’année à venir ont démarré, et il semblerait que des baisses de prix comprises entre -2 et -10 % soient imposées aux industriels. Les distributeurs ne respecteraient donc pas leurs engagements.

La guerre des prix continue


Un plan « bio » pour augmenter la production biologique

L'autre projet des États généraux de l’alimentation est d'améliorer le régime alimentaire des Français. La loi devrait prendre une batterie de mesures en faveur de l’agriculture biologique, les circuits courts, sur le gaspillage alimentaire, l’étiquetage et la lutte contre l’obésité.

7 Français sur 10 consomment des produits bio, mais l’agriculture biologique représente moins de 6 % de la production agricole. La demande des consommateurs est devenue supérieure à l’offre ce qui conduit à des importations. Le « plan bio » présenté par le gouvernement aura pour objectif d’atteindre 8 % de surface agricole. Une partie des 5 milliards d'euros dévolus à l’investissement agricole dans le plan gouvernemental de 50 milliards annoncé après l’élection d’Emmanuel Macron devrait y être consacrée. Le gouvernement a également prévu d'amener la restauration collective à s'approvisionner à 50 % en bio, local ou "écologique" d'ici 2022.

Accompagner les producteurs dans leur conversion

Pour les producteurs, la transformation de leur exploitation d’une agriculture « traditionnelle » à une agriculture « biologique » demande à la fois du temps et des moyens, car les rendements pendant les premières années sont fortement revus à la baisse. Le gouvernement s'engage donc à les accompagner pour répondre à la demande croissante des consommateurs. 


D'autres projets de loi sur le gaspillage alimentaire et la condition animale dans les élevages et abatoires devront également voir le jour.
2018 serait donc l'année des bonnes résolutions alimentaires ? Affaire à suivre...

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